« Tu sens que tu te détaches de ta personne et que, petit à petit, tu deviens un acteur ou une actrice. » Ce sont les mots qui guident les huit participant·e·s du cours. Toutes et tous sont assis·e·s bien droit sur leur chaise, les yeux fermés. Comme toujours, le groupe de loisirs de Berthoud commence sa soirée théâtre par une courte méditation.
A peine les participant·e·s ont-ils rouvert les yeux que le groupe s’anime. Un gros cube rouge en mousse plein de surprises se met à circuler. D’abord, il sent mauvais, puis, il devient brûlant, contient des bruits d’animaux que l’on peut écouter et, pour finir, se transforme en téléphone. Sarah, l’animatrice du cours, choisit le thème du cube et réagit à son odeur fictive ou aux bruits imaginaires et le passe ensuite à la personne suivante. Les participant·e·s sont habitué·e·s à cet exercice et acceptent immédiatement le défi. « Berk, il pue ! » s’exclame Markus après avoir reniflé le cube. Il le jette ensuite avec dégoût à Linda, qui se tient à côté de lui.
« L’improvisation théâtrale est une belle façon d’entrer dans son corps et de développer son intuition. Elle permet aussi de suivre ses impulsions, son esprit et ses idées », explique Sarah. Comédienne, autrice-compositrice-interprète de comédie musicale, elle passe une nouvelle fois en revue les points essentiels de l’improvisation théâtrale avec le groupe.
La première règle du théâtre d’improvisation : dire oui. Les idées des participant·e·s sont des cadeaux que l’on accepte et et que l’on donne plus loin. Et ainsi de suite.
Les participant·e·s s’inspirent mutuellement les un·e·s les autres, conférant au jeu sa propre dynamique. Jan remet « le téléphone-cube » à Sarah en disant :
-« Remo Käser est au bout du fil. »
– « Quoi ? Remo Käser ? », demande Sarah, étonnée, portant à son oreille « le téléphone-cube ». « Allô ? Remo ? Ca fait longtemps que je voulais te parler… »
Tout ce qui se passe est enregistré puis utilisé pour permettre à chacun·e de progresser. Celles et ceux qui sont encore un peu timides ou qui ne savent pas comment improviser sont aidé·e·s par Sarah ou son assistante Anna. Les jeunes femmes se sont connues lors d’une production théâtrale. Elles forment désormais une équipe bien rodée, qui anime ces soirées de cours avec beaucoup de patience et d’humour.
Le corps
Le corps est l’un des instruments les plus importants des acteurs·trices.
Deux rangées de chaises se font face : une salle d’attente de gare. Les acteurs·trices sur scène ne parlent pas. « Vous attendez votre train. Aimez-vous ou non attendre ? Comment votre corps réagit-il à l’attente ? », telle est la consigne donnée aux quatre participant·e·s assis·e sur scène.
Le reste du groupe doit reconnaître, à l’aide de la posture et des mouvements, leur état d’esprit face à l’attente. Alors que Claudio mime le calme même, on voit bien que Joëlle est d’humeur maussade. Finalement, la scène se termine par un applaudissement bruyant.
La représentation
Une représentation, le dernier soir, vient clore les cours. Les participant·e·s peuvent inviter des connaissances et des proches et ainsi montrer ce qu’ils et elles ont entrepris au cours des dernières semaines.
Je suis un peu nerveux. Toi aussi ?
En début de soirée, l’excitation est grande. « Je suis un peu nerveux. Toi aussi ? », demande Christoph, inquiet, à ses camarades. Mais l’impatience d’assister au spectacle est tout aussi grande.
Et une fois la nervosité passée, toutes et tous osent peu à peu monter sur scène pour jouer les rôles qu’ils ont eux-mêmes choisis et travaillés lors des cours.
Pour terminer la soirée et les cours du printemps, le cube en mousse est lancé une nouvelle fois. Le public, les participant·e·s et les responsables peuvent utiliser celui-ci pour exprimer ce qui leur a particulièrement plu. Les réactions du public sont chaleureuses et reconnaissantes. « Je suis tellement content d’avoir pu m’asseoir de ce côté », dit un homme aux cheveux courts grisonnants et aux grandes lunettes noires.
« Ce que vous faites demande tellement de courage. C’était génial ! », lance un autre. « Ce cours m’a permis de sortir de mon quotidien. J’ai pu faire des blagues. C’est ça, le théâtre d’impro », résume Barbara. L’ambiance est joyeuse et tout le monde rit. Au moment de prendre congé, tout le monde est d’accord : l’année prochaine, toutes et tous veulent se retrouver pour faire du théâtre.