Apprendre ludiquement grâce à un cours inclusif

Auteur

Susanne Schanda

Publié le

Des personnes avec et sans handicap fréquentant le même cours : c’est l’objectif d’un projet-pilote de ERWO+, une ­association qui promeut la formation d’adultes sans barrières.

 

Huit personnes avec et sans handicap sont assises en cercle. Elles se connaissent déjà : c’est la quatrième soirée sur six que comporte le cours consacré à la thématique « Résoudre les conflits ». Le thème de cette soirée : « Que se passe-t-il quand un différend prend de l’ampleur ? Comment freiner l’escalade ? »

Je n’allais pas très bien à ce moment-là, j’étais énervée et je n’ai pas bien réagi. Ça m’a préoccupée. Une semaine plus tard, je lui ai fait mes excuses.

Avant que la responsable de cours, Sabine Forny, puisse expliquer les prochaines étapes, une participante raconte une discussion avec une accompagnante : « Je n’allais pas très bien à ce moment-là, j’étais énervée et je n’ai pas bien réagi. Ça m’a préoccupée. Une semaine plus tard, je lui ai fait mes excuses. »

Mimer les conflits

« Les conflits peuvent empirer ou se résoudre. Nous pouvons avoir une influence », explique la responsable de cours. Sabine Forny propose de créer trois groupes, de mimer un conflit qui dégénère et qui ensuite se désenvenime. Les groupes se répartissent dans l’espace.

Une femme avec un masque parle.

« Les conflits peuvent empirer ou se résoudre. Nous pouvons avoir une influence »

Sabine Forny, responsable de cours

 

Chacun·e se regarde, jusqu’à ce que quelqu’un fasse un geste. Les un·e·s font la même chose ou un geste semblable, d’autres se concertent et essaient le mouvement suivant, une posture ou une autre expression du visage. Chacun·e est concentré·e et effectue l’exercice avec assiduité.

Lors de l’exercice, les participant·e·s se sentent les acteurs·trices d’une situation qu’ils ont peut-être vécue avec un sentiment d’impuissance.

Les groupes se rassemblent à nouveau et jouent pour les autres leurs « pièces de théâtre ». Lors de l’exercice, les participant·e·s se sentent les acteurs·trices d’une situation qu’ils ont peut-être vécue avec un sentiment d’impuissance. En observant les autres groupes, ils·elles découvrent d’autres façons d’aggraver ou de désenvenimer un conflit.

 

 

 

La responsable du cours fait lire une histoire visant à montrer que la voie lente et ­réfléchie est souvent la meilleure. Il n’est pas certain que ce message parvienne. Le texte en bon allemand exige une capacité d’abstraction. Au final, le jeu de théâtre remporte la palme de l’activité la plus appréciée !

Rencontrer des personnes qui fonctionnent autrement

Ida Gattlen, 66 ans, travaille au Schlosshotel Leuk et trouve bien que des personnes avec et sans handicap soient présentes : « Le cours est bien pour tout le monde. Ici, on peut dire tout ce qui ne nous convient pas et tout le monde écoute. » Quand la sexagénaire ne parvient pas à se défendre, elle se met en colère. Mais elle a déjà appris comment apaiser ce type de situations : « Respirer profondément trois fois, croiser les mains et marcher, ça me calme. » Adrian Holzer a déjà participé à plusieurs cours : « J’aime apprendre de nouvelles choses », raconte cet homme de 51 ans qui habite en colocation dans une commune voisine.

 

 

Il se rend à Viège en car postal : « Je m’intéresse à la politique et je suis toujours les élections. Quand la nouvelle présidente de commune a été élue, j’ai aussi voté. » Le cours « Résoudre les conflits » est l’une des cinq formations inclusives du projet-pilote de ERWO+ en Haut-Valais. Anita Heinzmann, assistante sociale, est l’initiatrice et la directrice de l’association : « Dans notre région, il y a trop peu d’offres sans barrières en matière de formation d’adultes ; nous souhaitions mettre sur pied une offre inclusive, car chacun·e peut apprendre de l’autre. »

Dans notre région, il y a trop peu d’offres sans barrières en matière de formation d’adultes ; nous souhaitions mettre sur pied une offre inclusive, car chacun·e peut apprendre de l’autre.

Adrian Andres, seul participant sans handicap, le confirme : « Au quotidien, j’ai peu d’interactions avec des personnes avec handicap. Ce cours permet de rencontrer des personnes qui fonctionnent plus lentement. Il faut s’immerger dans cette lenteur, et, souvent, cela fait naître de nouvelles réflexions.Ce cours, il le recommanderait à d’autres personnes : « Mais il faut être ouvert à la diversité et aux nouvelles expériences. »

ERWO+

ERWO+ collabore avec les communes de Loèche et de Naters, qui inscrivent les cours à leur programme, se chargent de l’administration et mettent des salles à disposition. Les prestataires de formation privés sont des personnes comme la formatrice Sabine Forny de Forny Mediation et l’atelier de danse Artichoc à Brigue. Le réseau d’entraide de proximité « d’Nischa » et le service de transport « Kleeblatt » de la Croix-Rouge sont d’autres partenaires. Le Canton du Valais, la Loterie Romande, la fondation Denk an mich et la fondation Peak Stiftung soutiennent financièrement ce projet. En janvier 2022, celui-ci sera évalué, et dans la foulée, un concept durable de cours sera élaboré, explique Anita Heinzmann.