Stratégies d’accompagnement d’élèves TSA d’après les enseignants ordinaires

Auteur

Sarah Cornaz

Publié le

Mireille Le Berre est enseignante au secondaire et maman d’un enfant avec TSA. En novembre 2021, elle participait à une conférence donnée lors du 2ème congrès national de l’autisme à Berne. Extraits.

 

Le parcours des élèves avec un Trouble du Spectre de l’Autisme (TSA) est parsemé d’embûches En tant qu’enseignante j’ai rencontré beaucoup d’élèves avec TSA. Le constat que j’en tire est que les embûches sont bien présentes et ce tous les jours. À partir de ce constat, j’ai monté un projet autour de l’autisme à l’école.

Boîte à outils

L’outil principal est de structurer au maximum : les groupes, le temps et les rôles de chacun·e. Premièrement en associant des enfants « TSA-compatibles » à l’élève avec TSA au moment du choix des groupes. Deuxièmement, en mettant à disposition un calendrier très précis qui présente l’activité séquence par séquence. Et troisièmement en structurant bien les rôles de sorte que chacun·e et chacun ait sa part du travail à faire avant la mise en commun. Ainsi l’enfant va pouvoir participer au groupe et être évalué comme les autres.

Projet

Le « Projet de recherche en autisme » (2018-2019) fait suite à un travail effectué lors de mon congé sabbatique pour enseignant. Il s’agissait d’interroger un échantillon représentatif d’enseignant·e·s ordinaires vaudois·e·s sur les difficultés rencontrées et les stratégies adoptées avec les élèves TSA puis de mettre les réponses en commun afin de les diffuser sous la forme de catalogues. Les questions portaient sur les élèves et les maîtres, les difficultés rencontrées ainsi que sur les stratégies mises en place.

Plusieurs stratégies ont été mises en œuvre pour pallier les difficultés . ©iStock/ Krisda Bisalyaputra

58 % des enfants avec TSA étaient accompagnés par un enseignant spécialisé en classe mais avec un nombre de périodes variable, allant de 1 à 8 périodes hebdomadaires. Un enfant sur deux bénéficiait d’un aménagement officiel, soit un ordinateur ou du temps supplémentaire pour les tests, et 12 % bénéficiaient d’un allégement d’horaire en raison d’une fatigabilité importante.

  • Information, communication  : Un tiers des enseignants avaient reçu une formation à l’interne, un autre tiers à l’externe et un tiers n’avait reçu aucune information.
  • Difficultés  : Les difficultés les plus fréquemment signalées par les enseignants touchent trois domaines majeurs : la gestion du matériel, l’organisation du travail et la résolution de tâches de A à Z, la compréhension des consignes orales collectives ainsi que la gestion du groupe

Plusieurs stratégies ont été mises en œuvre par les enseignants pour pallier les difficultés relevées.

Pour la gestion du matériel : proposer par exemple de différencier les brochures et cahiers par branche (couleur sur la tranche par exemple)  laisser du temps à la fin du cours pour la transition ; délimiter avec du scotch blanc une place pour chaque chose sur la table  Concernant l’organisation de l’extra-scolaire (activités sportives, camps, courses d’école…) : composer par exemple soi-même les chambrées en camp ; regarder avec l’élève le plan de transport ou encore les horaires de la course d’école ou des photos du lieu visité.

Pour la gestion des imprévus (changement d’horaire, présence d’un remplaçant) : indiquer, voire noter au tableau au début de la leçon son déroulement probable pour éviter le flou ; expliquer les raisons de l’imprévu et demander à l’élève de reformuler pour s’assurer qu’il ou elle a compris.

Ces catalogues d’une grande richesse pédagogique devraient être bientôt disponibles en ligne pour le grand public. En attendant la base de donnée plus ergonomique en préparation, les PDF des catalogues peuvent être consultés sur le site cyberlearn de la hes-so.

Conclusions

Il ressort des questionnaires aux enseignant·e·s l’importance de pouvoir accéder à plus d’informations et qu’un module sur le TSA soit ajouté dans leur formation de base. Une meilleure collaboration entre l’école avec les enseignants spécialistes dans leurs branches d’enseignement, les parents spécialistes de l’enfant et le monde médical spécialiste des TSA a été relevée. Il est également important de pouvoir travailler dans le respect des compétences de chacun. Pour finir, il est nécessaire d’avoir une culture de l’inclusion dans toutes les cultures d’établissement(s).

L’article dans sa version intégrale est parue dans le numéro de mars 03/2022 de Pages Romandes, commandable  par email à sarah.cornaz@bluewin.ch

 

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