Au sein de l’équipe Atypique 3×3, variante du basketball traditionnel, on fait tout soi-même. Tandis que l’entraînement est assuré par plusieurs joueurs en alternance, l’un d’entre eux en assume la gestion administrative. Mais ce que ces basketteur·se·s aiment avant tout : jouer, se dépasser et pouvoir se mesurer à d’autres formations lors de compétitions ordinaires.
« La plupart d’entre nous sommes sur le spectre de l’autisme. Nous avons des niveaux d’autonomie différents et des expériences variées dans le basket »
L’une des particularités de cette dernière ? Elle a été mise sur pied de A à Z par une personne en situation de handicap pour des personnes en situation de handicap : « La plupart d’entre nous sommes sur le spectre de l’autisme. Nous avons des niveaux d’autonomie différents et des expériences variées dans le basket », explique le jeune homme, également membre du comité d’insieme Vaud. La gestion administrative du club, les inscriptions aux tournois ou encore la coordination des participant·e·s reposent essentiellement sur les épaules d’Olivier Paccaud : « Quand j’ai lancé ce club, je voulais être acteur de mon inclusion et jouer un rôle direct », explique-t-il avec passion. Et de préciser que l’équipe est ouverte à tout le monde.

« Quand j’ai lancé ce club, je voulais être acteur de mon inclusion et jouer un rôle direct »
Olivier pPa
Trois « coachs-joueurs » et autant de compétences différentes
« Quand on discute, on sent de l’intérêt. Et même du respect »
Ce soir, il n’y a pas de femme à l’entraînement. Comment expliquer ce manque de mixité ? « Quand on est en situation de handicap, on n’est pas toujours encouragé à pratiquer du sport de manière intensive. Lorsqu’on est une femme, on l’est peut-être encore moins », glisse Olivier Paccaud en guise d’explication. Et d’ajouter qu’il souhaiterait plus de mixité.
Quand on est en situation de handicap, on n’est pas toujours encouragé à pratiquer du sport de manière intensive. Lorsqu’on est une femme, on l’est peut-être encore moins »,
Le basket, le jeune homme au bénéfice d’une Attestation fédérale de formation professionnelle (AFP) l’a tout d’abord pratiqué au club du Riviera Basket Adapté (RBA) de Vevey, où il joue toujours et avec laquelle il participe au championnat organisé par Special Olympics Switzerland (SOSWI). « Le jeu est plus lent dans une équipe SOSWI. Avec Atypique 3×3, on joue contre des équipes ordinaires lors de tournois. Nous n’avons pas encore eu de victoires, mais nous arrivons à nous adapter », explique Olivier Paccaud.
Le jeu est plus lent dans une équipe SOSWI. Avec Atypique 3×3, on joue contre des équipes ordinaires lors de tournois. Nous n’avons pas encore eu de victoires, mais nous arrivons à nous adapter »
Comment cette équipe atypique est-elle perçue par les autres clubs ? S’ils ne cachent pas leur handicap, les joueurs ne vont pas « jouer là-dessus », explique-t-il. Et de préciser : « On intrigue. Quand on discute, on sent de l’intérêt. Et même du respect. » C’est justement après la participation à un tournoi à Montreux que le Lausanne-Sport 3×3 a entendu parler d’Atypique 3×3 via les réseaux. La team A lausannoise veut donner un coup de main : elle met alors gratuitement la salle à disposition d’Olivier et de ses coéquipiers pour leurs entraînements.
Le prochain projet ? Devenir une association
Sur le terrain, les joueurs ont désormais formé des duos. L’un d’eux doit tenter de tirer, tandis que l’autre l’en empêche. « L’important, c’est le démarquage, que David a bien fait », commente Enrique. Puis, Alexander et Olivier affrontent David et Wiley lors d’une série de tirs à partir de cinq positions différentes. La première équipe qui marque remporte 3 points. Après une heure d’entraînement à ce rythme, les matchs en 2×2 peuvent commencer : « On fait deux temps morts pendant le match. On essaie de les faire en temps réel », nous explique Enrique. Les joueurs se répartissent à nouveau sur le terrain pour se donner à fond pour cette dernière demi-heure de jeu. « Nous sommes tous des compétiteurs dans cette équipe, on a envie de montrer ce qu’on vaut ! », lâche Olivier Paccaud. Si, à ses yeux, le handicap peut parfois avoir un impact sur la concentration, il peut aussi agir comme un booster : « Depuis petits, nous avons l’habitude de faire face à des difficultés. On se décourage moins vite et on a moins peur de la confrontation », se réjouit le fondateur d’Atypique 3×3, dont le prochain chantier est de structurer le club et de le transformer en association. •