FALC et inclusion culturelle

Auteur

Anne-Sophie Ledermann

Publié le

Le Service Culture inclusive de Pro Infirmis crée une communauté d’intérêt régionale à Neuchâtel. La première rencontre a eu lieu le 26 septembre pour discuter de l’accessibilité des lieux culturels du canton. Angelica Vouga, Florian di Cesare di Cesare et Jérémy Wäfler, des expert·e·s Facile à lire et à comprendre (FALC), nous donnent leur impression et expliquent leur travail dans le milieu culturel.

Depuis 2017, cinq personnes en situation de handicap mental reliées à la fondation Les Perce-Neige travaillent en tant qu’expert·e·s FALC. Angelica Vouga, Florian di Cesare et Jérémy Wäfler en font partie. Après avoir suivi des cours pour comprendre leurs droits et leurs devoirs, pour apprendre à les défendre et à prendre la parole en public, les expert·e·s ont collaboré avec plusieurs institutions culturelles dans le canton de Neuchâtel. « Les lieux culturels veulent être inclusifs mais ils ne savaient pas comment faire. Nous, on est là pour les accompagner dans leur démarche, on est là pour les aider. Ça les rassure, » explique Véronique Mooser, responsable des animations socio-culturelles aux Perce-Neige. Une fois par mois, elle coordonne des séances avec le groupe d’expert·e·s qui font un suivi complet pour chaque prestation. L’équipe corrige les textes des lieux culturels partenaires, par exemple des livrets d’exposition. Elle conseille également sur le format le plus adéquat à adopter – c’est-à-dire de quelle manière le texte doit être présenté et mis à disposition pour rendre l’information la plus digeste possible. Florian di Cesare est très au clair quant à l’utilité de son travail : « Les gens qui prennent les textes en FALC ne sont pas forcément en situation de handicap… ce sont aussi les personnes âgées, les enfants. C’est tellement plus simple, tellement plus compréhensible.

Un groupe de personne échangent autour d'une table avec l'aide d'une interprète en langue des signes.
Les ateliers sont accessibles à tout le monde et retranscrit en langue des signes. © Service Culture inclusive

Moi, je suis en situation de handicap non visible. Ça m’aide parce que je comprends les personnes en situation de handicap différemment. Je suis pair-aidant. Ça me motive.

Force de leur expérience, les cinq expert·e·s se sont sérieusement intéressé·e·s au réseau d’inclusion culturelle proposé par le Service Culture inclusive. Sur la question de leur motivation, nul doute ne laisse à l’entrain de Jérémy Wäfler : « J’adore ça », s’exclame-t-il. Angelica Vouga s’investit pour rendre service aux personnes en situation de handicap, mais pas seulement : « Pour que ce soit plus simple dans les musées ou d’autres lieux culturels. Pour que ce soit plus facile à comprendre pour les personnes en situation de handicap, mais pour toutes les autres personnes aussi. » Florian di Cesare partage cette vision. Il porte un regard très lucide sur sa position : « Moi, je suis en situation de handicap non visible. Ça m’aide parce que je comprends les personnes en situation de handicap différemment, je les vois différemment par rapport aux personnes sans handicap. Je suis pair-aidant. Ça me motive. »

Un constat difficile à accepter

Le 26 septembre dernier, le premier atelier a eu lieu. La séance a démarré par un speed dating : dix tours de trois minutes pour que les trente participant·e·s puissent faire connaissance. Pour la deuxième partie de l’atelier, les participant·e·s ont été réparti·e·s en trois groupes pour favoriser les discussions, qui portaient sur les besoins et les compétences existantes en termes d’accessibilité, ainsi que sur l’évolution du réseau dans un avenir à moyen terme.

J’ai l’impression que certaines personnes font des choses pour inclure les personnes en situation de handicap mais on leur met des bâtons dans les roues.

Deux autres ateliers auront lieu d’ici la fin de l’année, il est donc encore trop tôt pour tirer des conclusions. Cependant, le constat a été amer pour Florian di Cesare : « J’ai l’impression que certaines personnes font des choses pour inclure les personnes en situation de handicap mais on leur met des bâtons dans les roues et elles ne peuvent pas aller plus loin. C’est quelque chose d’important mais on ne leur donne pas assez de moyens. Ça m’a choqué. » L’émotion est encore vive pour Florian di Cesare qui relève notamment que beaucoup de choses sont mises en place pour d’autres problématiques, mais que trop peu de moyens sont alloués à l’accessibilité culturelle pour les personnes en situation de handicap. Pour favoriser le partage et la mise en réseau, les acteurs du domaine de la culture et du handicap du canton de Neuchâtel et de la région seront invités à participer à une grande rencontre régionale le 30 janvier 2023, qui conclura les trois ateliers.